Avec Frédéric nous parlions depuis un moment des choses et endroits que nous devions visiter ou faire avant de quitter la Corée, et un petit voyage sur l'île de Jeju au Sud-Ouest de la péninsule coréenne nous était apparu comme incontournable. Bien que nous aurions préféré y aller avec nos copines respectives, les tarifs des billets d'avion le weekend et le fait qu'elles ne puissent pas vraiment prendre de vacances (c'est la Corée) ont rendu les choses un peu compliquées. De plus, visiter Jeju en seulement deux jours sur un weekend, c'était clairement pas assez tant il y a de choses à voir sur cette île.
L'île de Jeju est souvent surnommée l'Hawaï coréen, ou l'Okinawa coréen, bien que les trois îles n'aient pas grand chose à voir entre elles, si ce n'est que ce sont des îles volcaniques avec des climats subtropicaux. Jeju est sans doute le lieu le plus touristique de Corée attirant toute l'année des touristes en provenance de Corée et de Chine, mais aussi des expatriés comme nous qui ne peuvent pas passer à côté de ce Joyau lorsqu'ils passent par la Corée du Sud. L'île est très connue pour ses mandarines, les fruits de ses cactus, ses volcans éteints et pour les statues qui sont un peu partout sur l'île et ne sont pas sans rappeler celles qu'on peut trouver sur l'île de Pâques.
Une statue typique de l'île de Jeju (photo prise à Marado) |
En plus du projet de visiter Jeju, nous avions depuis longtemps un autre projet que nous n'avions jamais réalisé faute de temps et aussi un peu par flemme : le projet de descendre la côte Est de la Corée en vélo. Nous avons donc décidé de fusionner les deux projets et de faire le tour de l'île de Jeju en vélo. Cette idée n'était pas sans poser quelques problème, puisque pour éviter de payer trop cher en logement ou bien de tomber sur les tarifs des billets d'avion du weekend, nous avions un maximum de 4 jours pour visiter Jeju. Or, la plupart des gens qui avaient tenté le tour de l'île en vélo y étaient restés à chaque fois au moins 5 ou 6 jours ou avaient passé leurs journées à pédaler plus qu'à visiter les différents sites intéressants de l'île.
Ayant de gros doutes sur nos capacités physiques et n'ayant pas vraiment envie de partir pour 4 jours en mode marathon, j'étais au départ opposé à l'idée, préférant utiliser le réseau de bus de Jeju pour nos déplacements. Mais Frédéric a finalement trouvé une agence de location de vélo qui offrait la possibilité de louer des vélos à Jeju-si (à côté de l'aéroport) et de les rendre dans plusieurs autres villes de l'île en moyennant 10.000 wons (7€) de frais supplémentaires. M'étant laissé convaincre, il fut décidé qu'en quatre jours nous pédalerions de Jeju-si au Nord de l'île, jusqu'à Jungmun au Sud, ce qui nous permettrait de faire un peu plus de la moitié du tour de l'île en vélo, tout en ayant en théorie le temps de visiter.
Pour les futurs articles et pour une meilleure compréhension de nos lecteurs, vous trouverez ci-dessous, une carte google de nos trajets en vélo avec les différents lieux où nous nous sommes rendus et les différents endroits visités :
http://goo.gl/maps/eb8tf
Pour les futurs articles et pour une meilleure compréhension de nos lecteurs, vous trouverez ci-dessous, une carte google de nos trajets en vélo avec les différents lieux où nous nous sommes rendus et les différents endroits visités :
http://goo.gl/maps/eb8tf
Afficher Jeju by bike sur une carte plus grande
Le voyage a un peu été organisé à l'arrache, nous avons pris nos billets d'avion le lundi matin pour un départ le mardi midi depuis l'aéroport de Gimpo (167.000wons chacun, soit environ 110€), et nous avons réservé les vélos la veille au soir vers 17h45.
Le vol entre l'aéroport de Séoul Gimpo et celui de Jeju dure seulement 1h et nous nous sommes posés mardi 16 Juillet vers 12h45 à l'aéroport de Jeju où nous avons attendu que le patron de 'BMS Hiking', compagnie auprès de laquelle nous avions loué les vélos vienne nous récupérer.
Après une dizaine de minutes en van dans Jeju-si, nous sommes arrivés à la boutique dans laquelle le patron qui ne parlait que coréen nous a tout bien expliqué à propos des vélos, de la carte, des tarifs, des choses intéressantes à voir et des lieux où nous pouvions rendre les vélos. Frédéric qui de nous deux a le meilleur niveau en coréen lui a indiqué le trajet que nous envisagions entre Jeju-si et Jungmun d'ici le vendredi matin, après quoi nous avons loué tout le matériel dont nous avions besoin : 2 VTT, des casques, des tenues de protection en cas de pluie, des lumières si nous comptions pédaler de nuit, un antivol et un vêtement multifonction spécial Ajoshi (ça peut faire bandana, protection autours du cou, protection pour un bras, etc.). Il y en a eu pour 56.000 wons chacun (38€) pour les 4 jours.
Immédiatement après nous avons fait une pause repas dans un restaurant recommandé par le patron de BMS Hiking, restaurant dans lequel nous avons pu manger un 갈치국수 (galchi-guksu), une soupe d'un poisson qu'on ne trouve qu'à Jeju et qui fait donc partie des plats typiquement locaux à tester sur l'île.
갈치국수 |
Les premiers kilomètres dans la ville de Jeju-si ont été un peu lents à cause de la circulation un peu partout et des feux rouges, mais ça a été nettement plus fluide dès que nous sommes sortis de la ville. Nous avons eu le plaisir de constater que la plupart des grands axes de l'île de Jeju étaient équipés de pistes cyclables, ce qui est très agréable lorsqu'on n'a pas très envie de se faire écraser par un conducteur coréen fou. Nous avons pu commencer à découvrir la grande variété des paysages de l'île, mais également qu'il y faisait bien plus chaud que nous le pensions, qu'il serait difficile de pédaler entre 11h et 15h les jours suivants et qu'il faudrait nous arrêter très souvent pour se ravitailler en bouteilles d'eau. Malgré ces détails, nous étions encore plein d'énergie et d'enthousiasme pour ces premiers kilomètres qui se sont déroulés sans trop de problèmes.
Fred tenant la carte |
Moi avec mes lunettes de soleil |
Les vélos avec le paysage de Jeju au fond |
La très jolie plage de Samyang |
Un autre paysage sur la côte |
Un temple le long de la route |
La plage de Kimnyeong |
Une autre photo de la plage de Kimnyeong |
Moi devant la plage de Kimnyeong, nous étions encore vaguement frais |
Alors que le soleil commençait à être bas et que nous étions toujours au milieu de nulle part entre Kimnyeong et Sehwa à tenter d'avancer contre le vent, un fort mal de cul vint s'ajouter à nos jambes douloureuses.
Je fus le premier à m'écrouler sur un côté de la route, mes cuisses refusant de me faire avancer plus loin, suivit par Frédéric qui, après une tentative de passer la pente en danseuse pour avoir moins mal au cul et faire travailler d'autres muscles, s'écroula à son tour 200 mètres plus loin.
Alors que la nuit commençait à approcher, que nous n'avions plus d'eau et que, terrassés par la douleur fulgurante de notre effort impétueux, nous étions toujours réduits à avancer à pied, nous constatâmes qu'il n'y avait absolument rien à perte de vue. Partout où nous regardions autours de nous, pas le moindre restaurant, pas le moindre motel, ni même la moindre voiture. Nous étions au milieu de nulle part avec uniquement des bâtiments fermés et des fermes autours de nous. L'idée d'arriver dans la soirée à Seongsan ne nous avait jamais semblée aussi impossible qu'à ce moment précis.
L'instinct de survie prenant le dessus, je me décidai à rallumer le GPS du téléphone, espérant qu'il n'indiquerait pas n'importe quoi. L'espoir revint un peu lorsque nous découvrîmes qu'en quittant la route de la côte, nous pouvions retourner sur le grand axe qui nous permettrait d'arriver à Sehwa plus rapidement (seulement 8km) et peut-être même de trouver un coréen avec un camion qui voudrait bien nous déposer soit à Sehwa, soit à Seongsan.
Nous n'avons pas trouvé de moyen de transport alternatif, mais poussés par la faim, nous sommes finalement remontés sur nos vélos, au moins quand c'était plat ou que ça descendait, et nous sommes arrivés à Sehwa pour la tombé de la nuit. Le premier restaurant dont les noms des plats nous disaient vaguement quelque chose fut le bon et c'est ainsi que pour 4.500 wons (3€) pour nous deux, nous avons pu nous ravitailler en kimbaps et en mandus (raviolis chinois) et prendre une heure de repos.
Le dilemne qui se posa ensuite à nous fut celui de rester à Sehwa pour la nuit, ou de repartir pour 14km vers Seongsan. A ce stade, nous avions déjà fait 36km et avec nos cuisses douloureuses qui présageaient d'un fort risque de courbatures le lendemain et nos fesses qui nous disaient qu'elles ne voulaient pas remontrer sur la selle du vélo, la tentation était grande de rester à Sehwa. Néanmoins, nous avions déjà râté le grotte de Manjanggul et rester à Sehwa signifiait probablement sacrifier d'autres visites dont le Seongsan Ilchulbong que nous étions sensés voir le lendemain au lever de soleil.
C'est donc un peu à contre-cœur et dans la douleur que nous sommes remontés sur nos vélos. Mais nous avons eu de la chance dans notre malheur, la fraicheur relative de la nuit, le vent qui était retombé et la route relativement plate nous ont un peu facilité le trajet et c'est finalement en seulement une heure et demie, malgré nos cuisses douloureuses, que nous avons pu arriver à Seongsan. Et, encore une fois gros coup de chance, nous sommes tout de suite tombés, complètement par hasard, sur le Seongsan Motel que BMS Hiking nous avait recommandé.
Une photo de nuit entre Sehwa et Seongsan |
Alors que Frédéric venait de me griller la priorité pour la douche, l'ajoshi réalisa soudain qu'il avait loué une chambre avec un unique lit double à deux étrangers du même sexe. Nous rappelons qu'habituellement en Corée, les motels sont réservés aux couples et que les coréens y passent la nuit avec leur copine sans que papa et maman ne soient au courant. De peur donc que nous fassions des choses avec Frédéric, le propriétaire frappa à la porte pour nous apporter un matelas supplémentaire pour avoir un deuxième lit au sol.
Bien conscient que le lit au sol serait beaucoup moins confortable pour nos muscles douloureux, et en représailles au fait de ne pas avoir eu la douche en premier, je décidai de m'installer à poil dans le vrai lit afin de marquer mon territoire et de forcer Frédéric à dormir par terre.
Je n'étais visiblement pas le seul à qui la fatigue avait fait un peu fondre le cerveau, puisqu'en sortant de ma douche, je retrouvai Frédéric qui cherchait dans l'armoire de la chambre un passage vers Narnia ...
Nous avons eu de la chance côté coup de soleil, puisque nous avions tout les deux un unique coup de soleil un peu ridicule exactement au même endroit, au niveau de nos montres, endroits que nous avions négligé avec la crème solaire.
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