Un petit billet pour vous parler des points communs, mais aussi des différences que nous avons pour le moment pu constater entre les cours ici en Corée et ce que nous avons connu en France.
Je ne vais pas revenir sur les différences en terme de prérequis pour la validation d'un master entre INHA et ce qui peut se faire chez nous en fac ou en école d’ingénieur, Fred et moi avons déjà expliqué ça dans de précédents messages.
Commençons par aborder la pédagogie, et il faut dire ce qui est, l'Asie est fidèle à sa réputation et un véritable culte est voue a l'apprentissage par cœur de tout un tas de choses, polys, bouquins, documents scientifiques divers. Et quand je dis par cœur, ça veut dire que même le détail le plus insignifiant doit avoir été appris. En effet, c'est potentiellement la-dessus que nous pouvons être évalués.
Nous sommes donc très loin de la France, ou le par cœur, voir l'apprentissage tout court tombent de plus en plus en désuétude et ou des le plus jeune age apprendre des choses est souvent vu comme étant vulgaire, au grand dam des professeur quelque soit le niveau d’étude concerné et qui constatent avec effroi que nous ne savons rien lorsque notre cerveau est déconnecté de Wikipedia. Pourquoi apprendre quand la machine peut le faire pour nous.
Ici en Asie, ils sont plutôt dans l’excès inverse, il faut tout apprendre, très vite, tout le temps, beaucoup, quitte a négliger parfois la pratique.
La différence se traduit de la façon suivante au niveau BAC+5 en informatique :
- En France (Europe ?), nous n'avons que peu ou pas de connaissances théoriques quand nous n'avons pas un ordinateur sous la main. On citera l'exception notable des sujets sur lesquels on a beaucoup travaille et qu'on finit par connaitre. Mais par contre, on consacre beaucoup plus de temps a la mise en pratique des choses et a voir des exemples.
- Ici, les étudiants ont beaucoup de connaissances théoriques dans beaucoup de domaines, une grande capacité d'apprentissage que nous n'avons pas ou plus. Mais ça coince un peu au niveau de la pratique et la mémoire ne retient pas toujours sur le long terme des choses rentrées de façon brutale dans notre cerveau pour l'examen. Comme nous, sur les domaines sur lesquels ils ont l'habitude de travailler ça va tout de même déjà mieux.
Ceci dit, il y a du changement dans l'air et certains de nos professeurs insistent pour que les étudiants essayent de comprendre ce qu'ils apprennent en l'exposant par des exemples même très simples et en essayant de mettre en application dans des programmes concrets.
Il n'y a donc plus qu'a trouver le temps pour.
Niveau pédagogie, je dirai donc que dans un monde idéal, il faudrait trouver un juste milieu.
Les professeurs justement, parlons-en. Les professeurs ici sont des êtres sacralisés, des puits de science à qui le commun des mortels comme vous ou moi doit le plus profond respect. On s'incline devant un professeur ici, ce qui fait d'ailleurs des ascenseurs un endroit particulièrement dangereux et casse-gueule quand un professeur entre ou sort du-dit ascenseur (pour ceux qui ne comprennent pas, mettez vous à 5 dans un petit ascenseur et inclinez-vous tous en même temps).
On voit ici des choses qu'on ne verrait pas en France, voir qui seraient suspectes chez nous. Par exemple, avant qu'un cours ou une présentation ne commence, les élèves allument l'ordinateur du professeur et lui préparent tout, on lui place sa chaise comme il faut en s'assurant qu'il ne soit pas dans un courant d'air, on essuie le tableau et on lui dégage un passage entre la porte de la salle et son point d'arrivée.
En France un professeur qui se trouverait confronté à tant d'attention se demanderait où est le piège. Et il y aurait très certainement un piège, genre la chaise qui s'écroule quand il s'assoit ou un service à lui demander. Ici non, c'est normal.
Le cérémoniel se reproduit quand le professeur de repart, éteindre l'ordinateur, effacer le tableau, fermer la salle.
Pour insister un peu sur l'écart professeur élève ici, je vais prendre un exemple. Dans les salles de cours, il y a deux portes : La porte de devant et la porte du fond. Le professeur ne rentre que par celle de devant et une fois qu'il est dans la salle, les entrées et sorties pour les élèves ne se font en principe que par la porte du fond. Ce n'est pas spécifique à la Corée, il semble que ce soit assez répandu en Asie, mais ici professeurs et élèves n'utilisent pas la même porte.
Cependant, recadrons quand même les choses, les professeurs ici ont exactement les mêmes ennemis en classe que nos professeurs Européens : Le projecteur qui ne marche jamais, l'ordinateur qui plante, la clé USB qui échoue, voir la porte de la salle qui est fermée et la personne qui a la clé est partie manger.
Mais comme ici il faut travailler beaucoup vite et tout le temps, le professeur trouvera vite quelqu'un pour l'aider. Ici, on ne regarde pas avec amusement le professeur se battre avec un projecteur qui l'insulte dans toutes les langues et refuse de s'allumer.
Si besoin, on empile des cartons sur les tables pour pouvoir les escalader et atteindre le projecteur au plafond et l'allumer manuellement parce que le professeur a perdu la télécommande.
Le professeur a même parfois un assistant professeur qui dans ce cas précis est payé pour escalader la pile de cartons. Oui, l'assistant professeur par contre n'est pas sacré, et lui on aime bien le regarder échouer sous l’œil réprobateur de son supérieur.
Ceci dit, tout n'est pas rose ici pour les professeurs, ils ont une obligation de résultat pour ne pas perdre la face vis à vis de leurs collègues, ou de professeurs plus importants qui vont venir râler si trop des étudiants dont ils sont tuteurs ont été recalés. Le pire ennemi d'un professeur ici, c'est un autre professeur, surtout s'il est plus vieux.
Sont-ils pour autant de meilleurs enseignants ? Difficile à dire.
Sur les 5 professeurs que nous avons eu jusqu'à présent, nous avons tout de même identifiés quelques stéréotypes :
- Il y a un JPF local : Pour le cours lisez ce livre et je vais vous parler d'autre chose et éventuellement on va raccourcir le cours parce que 3h c'est long. Très savant, mais tu te sens un peu en galère pour les partiels.
- Un de nos autres professeurs est un savant mélange entre Maria et Guy. Il est gentil et explique tout bien,"C'est facile !"
- Et nous avons un Bernard local. Savant, qui fait des dessins, dit des trucs en anglais, mais son cours reste incompris.
Nous avons parlé de la pédagogie, des professeurs, parlons maintenant un peu des étudiants !
Faisons abstraction des histoires de laboratoire et de recherche, et concentrons-nous un peu sur ce qui se passe dans les salles de cours.
Ici, il est tout à fait normal pendant un cours que la moitié de la salle dorme et le professeur ne dira rien. Il y a d'ailleurs des pauses toutes les heures pour se doper à la caféine si besoin.
De même, la grande majorité des professeurs tolèrent que les étudiants pianotent sur leur smartphone sans vraiment se cacher, fassent autre chose, ou sortent (par la porte de derrière) pour prendre un appel. Et après tout, ce n'est pas son problème si on ne suit pas, pourquoi se prendrait-il la tête pour ça ?
A propos de téléphone, que ce soit élèves ou professeurs, il arrive souvent que ça sonne en plein cours. Ici personne ne se formalise et décrocher n'est pas un problème du moment qu'on sort pour prendre l'appel.
C'est tout pour ce soir !
PS : si ce week-end nous allons aux demis-finales de la GSTL, nous essayerons de faire des photos.
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