Mon regret de cet hiver en Corée sera sans doute de ne pas avoir été tester les pistes de ski locales. Fred ne skie pas, et nous n'avons pas réussi à coordonner nos emplois du temps avec Shin Yeong pour bloquer toute une journée dans un weekend (En Corée, bloquer tout son Samedi ou tout son Dimanche quand on a un travail ou un Professor, ça relève de l'exploit). Nous voilà donc le 24 Février où nous avons enfin pu bloquer presque une journée entière avec Shin Yeong, mais trop tard pour aller skier.
Nous avons donc opté pour une autre activité en montagne : Grimper au sommet du mont Sammaksan, une des montagnes dans le Sud de Séoul, moins haute que le Gwanaksan, mais qui monte quand même à 405m. Oui, les montagnes Sud-Coréennes ne sont pas très hautes.
L'équivalent local du Yéti, construit en détritus |
Particularité du Sammaksan et du Gwanaksan qui sont deux pics voisins derrière Seoul National University, ces deux montagnes sont presque encerclées par des villes et on peut donc difficilement se perdre. Pour deux noobs comme Shin Yeong et moi, c'était mieux ...
Le départ était prévu tôt ce matin, et c'est donc à 11h (ce qui est tôt pour un Dimanche) que nous sommes arrivés au départ du parcours devant SNU.
Là-bas, nous avons croisé une armée d'ajummas et d'ajoshis équipés comme s'ils partaient escalader le Mont Everest : Chaussures de randonnées à clous ou à chaines, manteaux violets ajumma style, bâtons de marche, casquettes et toques, lunettes de soleil, gants, sac à dos pouvant transporter des vivres pour plusieurs jours et desquels nous pouvions voir pendouiller, des mousquetons et des gourdes remplies d'eaux, et surtout des radios portables bramant en continu des chansons coréennes des années 70 pour se donner du courage.
Le départ vers le Sammaksan |
Face à cette démonstration de moyens démesurée pour partir à l'assaut du Sammaksan, je me suis soudainement demandé si nous n'avions pas un peu négligé notre préparation. Shin Yeong avait troqué les talons, la jupe et le manteau de ville pour des chaussures en tissu guère plus adaptées, un jean, et un manteau semi-ajumma style. Quant à moi, j'avais certes des chaussures de sport, mais pas vraiment faites non plus pour aller escalader les montagnes, et un manteau de ville moyennement chaud. J'étais le seul des deux à avoir amené mes gants, et nos ratios se limitaient à une orange et une pomme dans le sac à main de Shin Yeong (toujours avoir son sac à main en montagne), et quatre cookies dans mon sac à dos. Nous ne pouvions plus faire grand chose pour le vestimentaire, mais nous avons jugé bon d'aller acheter des bouteilles d'eau et des kimbap pour tenir sur le trajet.
La piste de randonnée, le long de SNU |
Nous redoutions le pire en voyant l'équipement des Ajummas. Mais finalement les pistes sont assez larges et balisées tout les 200m. Et quand c'est trop pentu, il y a en général un escalier en bois avec des trucs antidérapants. Pas de sentiers étroits avec de la neige jusqu'aux genoux, ou de chemins merdiques nécessitant d'escalader une paroi abrupte. Par contre, nous avons eu pas mal de glace et de boue, ce qui rendait le chemin très casse-gueule à certains endroits.
Ce fut l'occasion d'observer tout l'art des "couples accrochés" coréens. Pour ceux qui ne connaissent pas, je vais expliquer. En Corée quand on est en couple, à défaut de pouvoir s'embrasser en public (en principe il ne faut pas), on peut faire d'autres trucs pour montrer qu'on est un couple : acheter des couple clothes (ça consiste à s'habiller pareil), monsieur qui porte le sac de madame, ou pratiquer l'art du "couple accroché" avec madame accroché au bras de monsieur comme une huitre à son rocher, ou bien monsieur agrippant vigoureusement madame par l'épaule en lui passant le bras dans le dos pour s'assurer que leurs épaules se touchent en permanence. Notez qu'on peut faire les 3 en même temps. Tout l'art du couple accroché c'est justement de ne pas se décrocher même quand il faut traverser un raz-de-marée humain dans le métro de Séoul, monter un escalator, franchir une porte, ou dans notre cas traverser des plaques de glace.
Nous avons donc croisé un certain nombre de couples accrochés, au moins aussi mal équipés que nous, en train de patiner à deux sur une plaque de verglas en faisant du sur place, ou les deux le cul par terre par ce qu'ils n'avaient pas voulu se décrocher
Comme ça paraissait trop stupide de mourir tous les deux d'une chute sur la glace ou emportés ensemble dans un torrent de boue, il fut décidé que nous ne serions pas accrochés dans les zones glissantes et que l'un des deux ouvrirait la route, et au besoin se sacrifierait pour assurer la survie de l'autre.
Photo pendant le repas, en équilibre précaire sur un rocher |
Nous avons fait une pause vers midi et demie, et nous nous sommes installés sur une pierre déneigée afin de manger nos deux rouleaux de kimbap, la pomme, l'orange et les quatre cookies.
Un escalier en pierre pas trop gelé |
Au fur et à mesure que nous montions, nous étions de plus en plus inquiets sur la façon dont nous allions nous y prendre pour repasser les passages bien glissant en redescendant. En effet, il est bien connu que la glace c'est assez horrible quand on monte, mais c'est encore pire en descente. Idem pour la boue, qui peut facilement faire dévaler tout le sentier sur le cul. Et aucun de nous deux n'avait vraiment envie de tomber dans la boue vu que nous n'avions pas les vêtements adaptés. Miraculeusement, aucun de nous deux n'est tombé, ni à l'aller, ni au retour, mais nous ne vous cacherons pas qu'à plusieurs endroits ce n'est pas passé loin, et pas qu'une fois.
Au final, c'était tout de même une randonnée très sympa, et nous avons eu la chance d'avoir du soleil tout le long et pas de vent. Nous avons fait quelques photos des montagnes et de la vue sur Séoul depuis le sommet :
Vue sur le Gwanaksan pendant une pause |
Séoul vu du sommet |
Un groupe d'ajummas essayant de dresser une tente. Elles doivent encore y être |
Une rivière gelée et les chaussures de Shin Yeong (très adaptées comme on le voit) |
Et on termine avec une petite vidéo prise pendant une pause en redescendant. Vous pourrez admirer l'équipement des Coréens pour partir à l'assaut de la montagne. Si vous avez l'oreille, vous entendrez peut-être aussi la musique de l'Ajoshi qui était derrière nous.